L'AMIANTE, UNE OPPORTUNITÉ POUR LES DIAGNOSTIQUEURS?

L’amiante qui fait souvent la une de l’actualité pour ses risques majeurs sur la santé est une opportunité pour les diagnostiqueurs en terme de rendement économique depuis l’arrêté de fin février 2012 rendant son diagnostic obligatoire. Il demande notamment du matériel de pointe et une certification des entreprises.

On compterait 60 à 80 kg d’amiante par Français. En effet, dans les bâtiments construits avant 1997 (date de l’interdiction de l’amiante), cette fibre naturelle est présente en masse (faux plafond, joints, flocage, couverture, dalles, canalisations etc.). Elle a été utilisée pendant plus d’un siècle dans les bâtiments remarquables pour son faible coût associé à ses performances techniques tels que son excellente résistance au feu (500 à 800°C), sa qualité d’isolant thermique et phonique ou encore sa faible conductivité électrique. Pour tout travail de rénovation, les professionnels du BTP sont donc assurés de rencontrer de l’amiante.

 Du diagnostic au retrait

Le diagnostic amiante doit être réalisé par un diagnostiqueur immobilier accrédité par la Cofrac (Comité français d’accréditation) et ayant souscrit à une assurance spécifique. Le but est de repérer tous les matériaux susceptibles de contenir de l'amiante. Il existe deux types de diagnostic amiante obligatoire, le diagnostic avant vente / location (amiante visible et accessible) et le diagnostic avant travaux / démolition (visible ou enfoui). Selon le résultat si les travaux ne sont pas imposables de suite ou dans les trois ans, une surveillance pourra être exigée trois ans plus tard, notamment pour les flocages, calorifugeages ou encore de faux plafonds dans les immeubles.

Le prix moyen d'un diagnostic amiante avant vente / location pour un appartement varie entre 70€ et 150€. Il dépend du lieu où les travaux sont effectués, du nombre de pièces touchées, ainsi que de la durée du diagnostic. Tandis que le coût pour un diagnostic avant travaux / démolition se situe entre 700 et 1000 €, variable également selon le nombre de prélèvements réalisés.

Le coût total d'un chantier de désamiantage, lourd et délicat, avoisine au minimum les 3000€ mais dépend beaucoup de la surface et des travaux à réaliser. Le coût du matériel nécessaire pour réaliser les diagnostics avant travaux s’élève, quant à lui, en moyenne à 2500 € (essentiellement des outils pour réaliser les prélèvements). L’obligation du diagnostic amiante avant travaux est un segment bussiness intéressant, c’est un marché prépondérant, d’ailleurs depuis le décret d’obligation de formation de fin février 2012, plusieurs entreprises constatent l'émergence d'une part de marché supplémentaire perceptible depuis 2014. Le marché amiante se structure, il reste encore des places à prendre mais les diagnostiqueurs doivent se positionner rapidement pour saisir cette opportunité de marché.

L’opération de désamiantage suit généralement les étapes suivantes, le dépoussiérage, le confinement avec test au fumigène, l’enlèvement de l’amiante (encapsulage ou recouvrement selon le degrés de toxicité de l’amiante), le nettoyage fin, les contrôles et, enfin, la gestion des déchets.   

 La certification des entreprises 

Pour réaliser les diagnostics amiante, l’employeur doit faire appel à un organisme accrédité pour procéder aux prélèvements et aux analyses, lequel devra par ailleurs établir la stratégie d'échantillonnage. Il doit également détenir une assurance professionnelle spécifique. Aujourd'hui en France, seuls trois organismes sont accrédités pour délivrer la certification amiante aux entreprises de travaux de désamiantage : Qualibat, AFNOR Certification et Global Certification. Il y a environ 1 000 entreprises de desamiantage en France. Toutes les personnes suceptibles d'être en contact avec l’amiante doivent suivre une formation qui se déroule sur 5 jours environ et qui coûte 1500 €. Elle concerne 1 million de personnes. Pour l’instant, l’ensemble des professionnels (diagnostiqueurs avant travaux, avant vente, entreprises de travaux…)  suivent la même formation les risques d’exposition étant, pourtant, différents selon les métiers. Les arrêtés compétences ne sont pas segmentés par métier, même si le ministère évoque ce projet depuis un moment.

La formation des salariés, obligatoire depuis 2012, constitue un enjeu majeur en termes de sécurité sanitaire des travailleurs et des populations. La valeur limite d’exposition professionnelle sera de 10 fibres par litre en moyenne sur 8 heures de travail à compter du 1er juillet 2015. Et pour cause, l’amiante représente la deuxième cause de maladies professionnelles et la première cause de décès liés au travail (hors accidents du travail). Chaque année, entre 4000 et 5000 maladies professionnelles liées à l'amiante sont reconnues (cancer plèvre, poumon, asbestose... ). De 400 à 500 fois moins épaisses qu'un cheveu, les fibres d'amiante invisibles dans les poussières de l'atmosphère se déposent au fond des poumons. Les effets sur la santé d’une exposition à l’amiante ne sont pas immédiats : ils surviennent plusieurs années après le début, souvent répété, de l’exposition (entre 20 et 40 ans en moyenne) voire après le départ à la retraite.

L’amiante, problème de santé publique comporte une législation et des règles qui se durcissent d’année en année. Les professionnels du BTP ont donc tout intérêt à se mettre au diapason pour le bien-être de leurs salariés comme de leur entreprise qui dispose ainsi d'une nouvelle manne financière. 

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Publié le 28 avril 2015